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SAMEDI 27 SEPTEMBRE 2025 – Auteur: SÉBASTIEN RUCHE
SAMEDI 27 SEPTEMBRE 2025
Auteur: SÉBASTIEN RUCHE
Le métier de Pierre Michel est le résultat de quinze ans d’apprentissage «à lire entre les lignes et écouter les silences». (GENÈVE, 25 SEPTEMBRE 2025/CHRISTOPHE CHAMMARTIN/LE TEMPS)
Flou artistique
Si les propriétaires sont souvent maintenus dans un certain flou, ce n’est pas forcément parce que leurs prestataires ont des desseins inavouables, corrige d’emblée celui qui a grandi dans une famille possédant une société de matériaux de construction. Un régisseur, par exemple, «doit jongler entre le travail qu’il fournit et sa marge». Généralement ténue, cette dernière disparaîtrait si les propriétaires des immeubles demandaient des services supplémentaires qu’ils ne sont généralement pas prêts à payer, croyant que tout est inclus. Un régisseur n’est donc guère incité à fournir des informations qui permettraient aux propriétaires de le faire travailler plus sans gagner plus, résume notre interlocuteur. Notaires, maîtres d’oeuvre ou architectes, toutes les autres professions qui gravitent autour d’un propriétaire veulent créer une relation privilégiée tout en restant dans leur silo de compétence, en utilisant trop souvent un vocabulaire et des concepts abscons pour le propriétaire moyen, souvent le seul non-professionnel de l’histoire. «Personne ne voit l’intérêt général du propriétaire», à part Pierre Michel.
Vendeurs de rêve et asymétrie d’information
Son travail consiste à organiser la rénovation d’un patrimoine pour le jour où il devra être cédé. A reprendre la direction d’un projet de rénovation dans les beaux quartiers, dont l’addition a explosé et qui est bloqué par des affrontements entre les différents intervenants. Ou à faire ramener une facture de 58 000 à 180 000 francs par une entreprise «qui n’a pas trop négocié». Ou encore, dans un cas récent, vérifier que l’attirante hausse des loyers estimée par le promoteur d’un projet de surélévation était réaliste (elle ne l’était pas: les loyers étaient déjà supérieurs à ce que permettait la loi).
PIERRE MICHEL, conseiller de patrimoine immobilier
Ce nouveau métier est le résultat de quinze ans d’apprentissage «à lire entre les lignes et écouter les silences». Nous avions rencontré Pierre Michel il y a une dizaine d’années, alors qu’il concevait un outil pour mesurer précisément la consommation d’eau, d’électricité ou de mazout d’un immeuble. Afin que le propriétaire dispose d’indices de référence, de données factuelles, et pas seulement des chiffres plus ou moins fiables de ses prestataires. En Suisse, la loi oblige désormais que 80% des ménages soient dotés de compteurs intelligents, dès 2027. On s’était dit que sa louable intention ne lui ferait pas que des amis dans un monde immobilier réputé pour ses petits arrangements et l’âpreté de ses relations. Cette initiative n’a pas rencontré son public puis a évolué vers ce rôle actuel de conseiller one stop shop, qui utilise les outils créés plus tôt. De manière moins frontale qu’à ses débuts, il reste un empêcheur de garder ses petits secrets. De quoi s’être fait des ennemis? «On peut parfois agacer, des frictions existent et j’ai rencontré des gens mal intentionnés, reconnaît-il. Mais on ne nous a jamais menacés et depuis que j’ai vraiment compris le fonctionnement du marché, je m’y suis fait beaucoup d’amis». De toute façon, les oppositions deviennent rarement frontales dans ce milieu, assure-t-il. Les procédés sont plus sournois, comme suggérer qu’une personne n’a peut-être pas le bon profil, ou qu’on a des doutes. Il le sait d’autant mieux qu’il reconnaît pratiquer cet art discret de la mise à l’écart.
Un autre élément perturbateur du marché immobilier est lié au renouvellement des générations. Car la Suisse s’appauvrit, affirme encore Pierre Michel: les nouvelles générations peinent à atteindre les revenus qui ont permis à leurs parents d’acquérir de l’immobilier, de rendement ou non.
PIERRE MICHEL, conseiller de patrimoine immobilier
Alors que les revenus générés servaient à payer les vacances et les impôts mais pas beaucoup plus aux générations précédentes, les trentenaires ou quadras ont aujourd’hui besoin de rendements plus élevés pour financer leur niveau de vie – qu’ils souhaitent conserver au niveau de celui de leurs parents. Les exigences de rendement se font alors plus pressantes sur les régisseurs alors que la concurrence reste très forte dans l’immobilier et que la résistance à l’augmentation des rendements s’est renforcée, analyse le professionnel.
Opposé à la valeur locative…
mais aussi à sa suppression
S’y ajoutent les conditions restrictives d’utilisation des fonds de prévoyance pour financer une acquisition et la méthode de calcul des charges au moment d’octroyer une hypothèque, qui font que «la nouvelle génération est maltraitée». Et une éventuelle suppression de la valeur locative, objet d’une votation populaire ce week-end, «en rajouterait une couche en supprimant les déductions fiscales» notamment pour les rénovations, déplore-t-il. L’immobilier ne sera plus le 4e pilier de la prévoyance (la vente d’un bien à l’arrivée en retraite sera de moins en moins possible), conclut celui qui se dit contre la valeur locative mais aussi opposé au projet prévu pour sa suppression.
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